Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
l'existence determine la conscience

Emeutes de la faim : qui sont les responsables ? Quelles sont les solutions ?

21 Avril 2008 , Rédigé par hans Publié dans #pouvoir d'achat - salaire et prix

Edito d'Informations Ouvrières

N° 841 - Semaine du 17 au 23 avril 2008

On sait qu’aux Etats-Unis politique et religion font bon ménage. Les présidents y prêtent serment sur la Bible. Et les guerres les plus monstrueuses — du Vietnam hier à l’Irak aujourd’hui — trouvent toujours des cohortes de frères prêcheurs pour les justifier au nom de Dieu.

« Notre » ministre de l’Economie, Mme Lagarde, ne manque aucune occasion de rappeler qu’elle a fait toute sa car­rière professionnelle aux Etats-Unis. 

On ne s’étonnera donc pas que, recevant à dîner les plus importants banquiers du monde en marge du G 7 (1), elle ait déclaré : « La dizaine de professionnels, en particulier des banques d’investissement, ont reconnu leur responsabilité collective. Ils ont pour ainsi dire fait acte de repentance, admettant les excès de cupidité qui ont poussé certains opérateurs à prendre des risques excessifs » (2).

Repentance ?! Excusez-nous pour notre « excès de cupidité », auraient donc dit les patrons, s’engageant : c’est promis, on ne le fera plus… ou pas de manière aussi « excessive ».

De qui se moque-t-on ?

Ces « professionnels » avec lesquels Mme Lagarde a dîné, ce sont les dirigeants qui campent aux sommets du système capitaliste mondial.

C’est leur système fondé sur l’exploitation forcenée de la classe ouvrière qui accumule des montagnes de capitaux à un pôle de la société et la misère à l’autre pôle. « Le monde croule sous les liquidités », et c’est cela qui provoque les « fièvres spéculatives », reconnaît le spécialiste Patrick Artus, économiste à Natixis (3).

La spéculation sur les subprimes a débouché sur une véritable récession dont nul ne peut prédire la fin.

Des millions de ménages ouvriers américains chassés de leur maison, des millions d’ouvriers chassés de leur emploi dans le monde entier ! 

Des crédits immobiliers s’effondrant, les montagnes de capitaux spéculatifs — 600 000 milliards de dollars ! — se sont déplacés vers le pétrole, le gaz et les produits agricoles.

Haïti, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Yémen… : les émeutes de la faim ont déjà soulevé les peuples de trente pays ces derniers mois. Qui est responsable ? Les Chinois et les Indiens qui consomment trop, comme d’aucuns osent le prétendre ?


 Mensonge !

Responsables, la classe capitaliste, les grandes banques, les multinationales qui, par cette spéculation effrénée, ont provoqué une flambée des prix des aliments à l’échelle mondiale : + 85 % en 26 mois (4) ! Flambée des prix qui plonge dans la misère absolue un nombre grandissant d’êtres hu­mains en Afrique et en Asie d’abord, mais aussi en Europe et en France (5) !

Responsables, le FMI, la Banque mondiale, l’OMC qui multiplient les rapports pour contraindre les pays à l’équilibre budgétaire et à l’abandon des cultures vivrières au profit des cultures industrielles pour l’export.

Responsable, l’Union européenne, qui, par sa politique de quotas et de mise en jachère, a scientifiquement organisé la pénurie alimentaire, transformant des pays exportateurs en pays souffrant d’un déficit constant en blé, en lait, etc. !

Responsable, la Banque centrale européenne, qui, au nom des traités de Maastricht et Lisbonne et de la sacro-sainte « concurrence libre et non faussée », s’oppose à la fois à toute augmentation des salaires et des revenus, et à tout blocage des prix.

A tous ceux qui prétendent que la solution viendrait d’une « réorientation» du FMI, de l’Union européenne ou de la Banque centrale européenne (6), les événements dramatiques des dernières semaines devraient rappeler cette loi de l’histoire : on ne précipite pas impunément les peuples dans la misère !

La révolte gronde, qui soulève le couvercle de la marmite.

Le premier pas vers une politique conforme aux besoins des peuples, c’est le respect et la restauration de la souveraineté des nations, condition de la souveraineté alimentaire. 

L’encouragement et le subventionnement des produits agricoles, le blocage des prix des produits alimentaires, l’augmentation générale des salaires et des revenus, et le financement de ces mesures de sauvegarde par la confiscation de profits spéculatifs et la (re)nationalisation des grandes banques et des secteurs clés de l’industrie : ces mesures en France comme dans le monde entier sont possibles, nécessaires, urgentes. 

On n’y parviendra certainement pas par le miracle de la « repentance » hypocrite de quelques responsables, mais par la rupture avec les institutions qui imposent le talon de fer capitaliste et la misère qu’il répand sur tout le globe ; par la rupture, donc, avec le FMI, l’OMC et l’Union européenne (7) !

Daniel Gluckstein


 


 


(1) Sommet des représentants des gouvernements des sept pays les plus industria­lisés. 

(2) Le Figaro, 14 avril 2008. 

(3) France-Inter, 11 avril 2008. 

(4) Chiffres de l’organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture, cités par le Financial Times, 14 avril 2008.

(5) Selon le Fonds international de développement agricole (FIDA), agence de l’ONU, chaque augmentation de 1 % du prix des denrées alimentaires de base plonge 16 millions d’êtres humains supplémentaires dans « l’insécurité alimentaire », d’où la prévision de « 1,2 milliard d’êtres humains (qui) pourraient avoir chroniquement faim d’ici à 2025 » (Le Monde, 13 avril 2008). Concernant la France, lire pages 2 et 3.? 

(6) Comme Jean-Christophe Cambadélis saluant « Strauss-Kahn en train de réussir son pari » à la tête du FMI, ou encore L’Humanité (14 avril) appelant de ses vœux un « FMI rénové » et une « Union européenne réorientée ».

(7) On lira pages 12 et 13 l’appel à une conférence mondiale ouverte sur cet axe.

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article